Lors du Conseil municipal du 30 juin 2022, le Maire a proposé :
- d’une part, d’émettre un avis défavorable à la demande d’autorisations de recherches de gîte géothermique au Dogger instruites par le préfet des Hauts-de-Seine, parce que le permis tel que déposé ne nous permettrait pas de réaliser le projet (inconnu de tous) que Montrouge souhaiterait développer seule;
- d’autre part, d’autoriser à demander au SIPPEREC la reprise de la compétence « développement des énergies renouvelables »
Voici mon intervention sur ce sujet lors de la séance publique:
“À chaque Conseil, nous avons une délibération sur la géothermie qui appelle beaucoup d’interrogations et j’espère que vous ne nous ferez pas une réponse tout à l’heure comme celle qui nous a accompagnés toute la soirée, un peu comme un hommage à Georges Marchais : « Ce n’est pas votre question, mais c’est ma réponse ».
Je reviens plus sérieusement à la délibération.
Elle acte finalement – vous l’avez rapidement dit, mais dans le détail, à la lecture de la délibération, c’est clair –, sur ce dossier d’exploitation d’eau chaude du sous-sol, l’état des relations plutôt fraîches que vous avez aujourd’hui avec la ville de Malakoff et le SIPPEREC, syndicat intercommunal auquel nous appartenons. Mon groupe – et je pense que nous ne sommes pas les seuls, je parle de l’opposition – est navré de cette situation.
Quand on lit les attendus de votre position, de la délibération, on a droit à un vrai plaidoyer de divorce, en bonne et due forme, avec tout ce qu’il faut d’objectivité relative, de dose de mauvaise foi, et avec une part d’amertume certaine.
Vous avez tendance, comme souvent d’ailleurs, sur beaucoup de dossiers, à repeindre la réalité à votre avantage quand elle n’est que le résultat de l’incapacité de notre ville à mener à bien un projet d’intérêt général avec la collectivité voisine, qui par ailleurs, dans ce dossier, porte la quasi-totalité des nuisances induites par ledit projet. La quasi-totalité !
Depuis fin 2016, le SIPPEREC a lancé une étude de potentiel géothermique qui a démontré un potentiel intéressant pour implanter un site de production et de distribution sur le territoire commun des villes de Malakoff et Montrouge.
Avec un réseau de chaleur qui pourrait, à ce stade, alimenter environ 20 000 logements, pour un investissement conséquent : aux alentours de 67 M€ hors taxe. Ce n’est pas une petite et mince affaire.
Vous ne direz pas le contraire, je pense, ce soir : c’est à la suite de cette étude et en toute connaissance de cause que les deux villes, Malakoff et Montrouge, se sont réunies et ont décidé de transférer leurs compétences développement des énergies renouvelables au SIPPEREC. Chaque ville détenant et continuant de détenir l’ensemble des éléments techniques et financiers du projet ; c’est-à-dire, je le rappelle, parce que c’est important pour la suite, la création de deux puits de géothermie développés par le SIPPEREC au bénéfice de nos deux villes.
Il faut aussi que nous rappelions que le risque financier et l’investissement seront supportés en majeure partie par un emprunt par le SIPPEREC. Le risque est porté par le SIPPEREC, pas par les villes, en tout cas, majoritairement.
Le développement du projet, son impact sur la voirie des communes et les conséquences en termes de travaux ont largement été partagés entre les deux communes, Malakoff et Montrouge, pendant plusieurs années, de même que l’ambition du projet.
Vous dites que le projet ne répond pas à l’ambition souhaitée par la ville. C’est l’argument le plus fort que vous soulevez dans le refus que vous opposez.
Finalement, on ne comprend pas grand-chose.
Cela fait trois ans que tous les éléments sont connus de part et d’autre par l’ensemble des parties. Et vous ne vous apercevez qu’aujourd’hui que l’ampleur du projet serait insuffisante, que la voilure serait insatisfaisante ?
Je rappelle, parce que c’est un point évoqué à l’appui de cela sur l’insuffisance de l’ambition du projet, que le nombre de prospects, de clients futurs identifiés dans l’étude proposée par le SIPPEREC s’est basé sur la liste des bailleurs fournis par la Ville, avec, en complément, les entreprises qui se sont déclarées intéressées, au premier rang desquelles un très gros siège social, ici, à Montrouge, celui d’une grande banque verte que tout le monde connaît.
Si cette liste est incomplète, si les prospects sont insuffisants, si 20 000 logements n’étaient pas suffisants, c’est aussi parce que la ville de Montrouge a mal identifié l’étendue du marché possible. Si la liste est incomplète aujourd’hui, on peut se demander : à qui la faute ? Est-ce au SIPPEREC ou à la ville de Montrouge ? C’est vers cette dernière que le SIPPEREC s’est tourné pour connaître les potentiels clients futurs de cette affaire.
Vous voulez reprendre la compétence « développement des énergies renouvelables » au SIPPEREC, en arguant que Vallée Sud Grand Paris détient la compétence ENR, énergies renouvelables. Ce qui, me semble-t-il, n’est pas tout à fait juste.
Vallée Sud Grand Paris n’a pas la compétence sur les énergies non renouvelables, sauf si une ville la lui confie. Si les villes décident de confier la compétence ENR à Vallée Sud Grand Paris, elle l’aura. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas.
Vallée Sud Grand Paris, pour l’instant, n’a pas la compétence géothermie. Notez et notons ensemble que le projet développé par le SIPPEREC au bénéfice de nos deux villes, projet placé sur le territoire de Malakoff, entre largement en cohérence, et bien en cohérence, dans ses objectifs, dans sa dimension, et globalement, dans le projet tel que proposé, avec le plan climat air énergie que vous avez vous-même voté au Conseil territorial.
À moins que quelque chose m’ait échappé s’il y avait une incohérence ou quelque chose qui n’allait pas, j’ose espérer qu’au niveau de Vallée Sud Grand Paris et du Conseil territorial au sein duquel vous siégez, comme d’autres collègues présents, vous auriez fait valoir ces difficultés et interrogé la viabilité ou la pérennité du projet. Je ne crois pas que cela soit le cas.
J’ajoute qu’après avoir prospecté, en remettant les choses dans leur histoire, la ville de Montrouge, en tout cas, il y a quelque temps maintenant, n’avait pas identifié de terrain à mettre à disposition de ce projet. C’est bien pour cela que c’est Malakoff, parce que Montrouge n’avait pas de terrain, qui a proposé de creuser afin d’installer les puits sur son territoire. C’est la collectivité qui a l’impact induit le plus important. C’est Malakoff qui va supporter les fortes perturbations du chantier, en tout cas, pendant son développement, avec tous les effets, plus largement, sur le tissu associatif, puisque le terrain repéré aujourd’hui est un équipement sportif.
Peut-être allez-vous me démentir sur le sujet, Montrouge aurait peut-être trouvé un terrain. C’est peut-être pourquoi vous avez en partie changé d’avis. Personnellement, je ne sais pas trop. J’essaie de regarder un peu les terrains qui pourraient se libérer, au regard des informations que vous acceptez de temps en temps de distiller ici. Si c’est le terrain de la fac dentaire, par exemple – imaginons que ce soit celui-là, car c’est celui qui va, à terme et dans un avenir assez proche, se libérer –, il me semble que c’est un terrain sur lequel SIPPEREC a jeté un regard, a un peu exploré des pistes, et il a émis quelques réserves sur la faisabilité.
Peut-être n’est-ce pas du tout cela.
Sur ce terrain, d’ailleurs, vous reprochez au SIPPEREC, dans les attendus de la délibération, de ne pas étudier ce qu’on appelle d’autres solutions de nappes, c’est-à-dire de regarder si d’autres niveaux de forage ne sont pas possibles.
C’est un argument que l’on peut entendre. Pour qu’il soit fondé, vous devriez ajouter que qui dit prospection plus profonde, et sans doute possible, dit également des coûts de forage qui explosent.
Il faut savoir que forer au niveau du Trias au lieu du Dogger, c’est deux fois plus cher, avec des résultats à ce stade toujours pas très confirmés. Il y a un vrai risque, avec des garanties offertes par l’ADEME très variables, selon que l’on fore au niveau du Dogger ou du Trias.
Une enquête publique, présentée comme telle par le préfet, devrait se tenir à la rentrée, à compter du mois de septembre jusqu’au mois d’octobre. Les habitants de nos communes respectives pourront se prononcer sur le sujet.
Aujourd’hui, nous avons un projet de géothermie qui peut être mis en fonction dans les deux années à venir, qui est cohérent avec l’urgence climatique et la transition écologique telle qu’elle est toujours réclamée par le GIEC. Tout autre nouveau projet prendra plusieurs années d’études préalables afin de jauger son potentiel.
Vous nous demandez de refuser un projet en phase d’aboutir dans deux ans, pour lequel la capacité peut tout à fait être augmentée et discutée avec les autres partenaires, sans que ni vous ni la maire de Malakoff ne soyez à la tête de la SPL, puisque c’est le SIPPEREC qui finance et souhaite la piloter pendant les travaux.
Vous nous proposez ce soir, en retirant la compétence au SIPPEREC et en nous appelant à voter contre le processus qui s’enclenche, d’échanger et d’acter un hypothétique autre schéma qui viendrait peut-être dans cinq ou six ans, en réalité, vous le savez, sans aucune garantie.
Bien sûr, nous voterons contre cette délibération !
Joaquim Timoteo, pour le groupe Montrouge En Commun